Comme bon nombre de syndromes, celui de la traversée thoraco-brachiale souffre d’un déficit de diagnostic et d’une difficulté à proposer une prise en charge efficace. Décrit comme la conséquence d’une compression du défilé vasculo-nerveux dans la région du cou et du thorax, le syndrome de la traversée thoraco-brachiale (STTB) peut être catégorisé en trois formes :
- la forme neurologique qui représente 95 à 98% des cas ;
- la forme veineuse ;
- la forme artérielle.
Ces deux dernières pouvant être regroupées en une forme dite vasculaire qui représente moins de 5% des cas.
Le STTB peut être défini comme un ensemble de symptômes qui concernent le ou les membres supérieurs, caractérisé par des douleurs, des paresthésies, une sensation de fatigue et d’inconfort régulièrement majorés la nuit et lors d’activité bras en l’air. Ces symptômes s’étendent souvent à la région du cou et du thorax.
Le STTB touche plus fréquemment les femmes (entre 2/3 et 4/5) que les hommes.
L’historique du patient, l’écoute de ses symptômes combinée à l’examen clinique permettent d’identifier ce type de pathologie et d’accompagner celui-ci au minimum vers une amélioration de ses symptômes, et au mieux vers une guérison. Pour cela, un traitement de kinésithérapie adapté peut être proposé. Il comprend des techniques de thérapie manuelle mais aussi et surtout un programme de rééducation active.
Le STTB est décrit comme un syndrome compressif. Cette compression aurait lieu au niveau de trois zones anatomiques appelées « défilés » :
- le défilé entre les muscles scalènes antérieur et moyen ;
- le défilé situé au niveau de l’espace entre la clavicule et la première cote ;
- le défilé se situant derrière le muscle petit pectoral.
Si cette compression, lorsqu’elle est objectivée par des examens telle qu’une artériographie, justifie les symptômes des patients présentant des STTB de formes vasculaires, en revanche la majorité des patients ne présente aucun signe matérialisé à l’imagerie dans les STTB de forme neurologique.
Il est possible d’envisager ces syndromes non comme une compression mais probablement davantage comme un étirement du plexus brachial bas, un défaut neuro-dynamique, l’installation d’une sensibilité nerveuse qui peuvent parfois être en lien avec un défaut de maintien des omoplates. Ce défaut de maintien peut être causé par un déficit de recrutement de certains muscles et de contrôle neuro-moteur.
Les STTB peuvent également être post-traumatiques et être en lien avec un cal osseux (consolidation de l’os) de la clavicule ou de la première côte suite à une fracture. Les STTB peuvent également être en lien avec une compression d’origine tumorale bénigne ou maligne.
Les causes de STTB souvent décrites comme en lien avec une cote surnuméraire ou une apophysomégalie de C7 (partie de vertèbre plus volumineuse) ne constituent probablement pas une cause du STTB mais un terrain favorable à l’apparition de symptômes. La question du déclenchement des symptômes chez le patient, alors même que ce type de particularité anatomique est congénitale, devrait également guider la prise en charge conservatrice et ne pas déboucher sur des propositions thérapeutiques chirurgicales trop hâtives.
Le défaut de différenciation qui est régulièrement fait entre les formes de STTB neurologiques, veineuses et artérielles contribue certainement au retard de diagnostic et de prise en charge chez ces patients, qui deviennent souvent des patients douloureux chroniques.
En ce sens le kinésithérapeute constitue un allié qui peut être un guide dans la rééducation mais aussi dans la gestion de la douleur. En effet, il convient à la fois de comprendre ce syndrome dans son versant douloureux mais aussi dans son versant fonctionnel. Les patients qui présentent un STTB étant, la plupart du temps, en échec thérapeutique et souffrant de douleurs chroniques, nécessitent un abord bio-psycho-social.
Le contexte de survenue du STTB (maladie professionnelle, accident du travail), l’état psychologique (dépression, anxiété), la représentation qu’a le patient de sa maladie (catastrophisme), la kinesiophobie ainsi que la motivation du patient sont autant de facteurs que l’équipe soignante devra prendre en compte dans sa prise en charge.